Eugène, Louis DUMONT (1888-1962)

Eugène, Louis DUMONT est né le 17 février 1888 à Paris, département de la Seine (75). Il est le fils unique, de mon arrière-arrière-grand-mère paternelle DUMONT Sidonie (1863-19--) et de père inconnu. Sa mère, après l’avoir délaissé à l’assistance publique de Paris, épouse dans cette ville SORNAIN Joseph (1859-19--), le 16 mai 1903. Son grand-père maternel, DUMONT Adolphe, Emile (1839-1885), était originaire de Mézières dans les Ardennes (08).

Son enfance se passe à Paris puis dans sa région où il est placé dans des fermes pour y travailler. Eugène s’installe, avant 1908, à Yzeure (03). A son recrutement militaire, il exerce la profession de domestique mais aussi de cultivateur et de tanneur.

 I- LES OBLIGATIONS MILITAIRES (1909-1911)

En 1908, il est " appelé bon pour le service armé " de la classe de 1908 – subdivision de Montluçon, canton de Moulins Est (03). Son numéro de registre matricule de recrutement est le 1071, 1ère partie de liste du recrutement cantonal. Sur son livret militaire  et ses états de service, il est indiqué que ses cheveux sont blonds ainsi que ses sourcils, ses yeux sont gris, son front couvert, son nez large, sa bouche moyenne, son menton rond et son visage large. Il mesure 1m65. Il ressort qu'il ne sait pas nager et qu’il a un degré d’instruction générale de 2 ; c’est-à-dire qu’il sait lire et écrire.

Eugène est incorporé le 6 octobre 1909 en tant que chasseur de 2ème classe au 13ème Bataillon Alpins de Chasseurs à Pied à Chambéry (73), matricule 767 ; il n’est pas vacciné à son arrivée au corps. Il commence son instruction militaire le 7 octobre 1909 et la termine le 1er juin 1910. " Suffisante pour que l’homme soit mobilisable dès le 15 février 1910 ". Il a la spécialité de " clairon ", le 23 septembre 1910. De " Mauvais tireur " en 1910, il passe à " Assez bon tireur " en 1911. Il est libéré de ses obligations un an, 11 mois et 17 jours plus tard, le 24 septembre 1911.

A la fin de son service militaire, il passe dans la disponibilité (c’est-à-dire dans la réserve de l’armée active) dès le 1er octobre 1911 et regagne son domicile à Yzeure.

II- LES PERIODES D'EXERCICES MILITAIRES (1913)  


Eugène accomplit une période d’exercices dans son bataillon de chasseurs d’origine, le 13ème, entre le 11 août et le 22 septembre 1913. Le 1er octobre 1913, il passe au " Groupe cycliste de la 6ème division de cavalerie ". Entre-temps, il s’est marié à Marie-Eugénie GRIFFET (1895-1953), le 23 août 1913, à Yzeure (03). Celle-ci lui avait déjà donné en mars, le 11, une petite fille prénommée Germaine (1913-1932).

 III- LA GUERRE (1914-1918)

 En 1914, la femme d’Eugène est enceinte de leur deuxième fille Marie-Louise ; et lorsqu’il est rappelé de la disponibilité, il doit réintégrer, le 3 août 1914, à Lyon (69), son Groupe cycliste de la 6ème division de cavalerie auquel il appartient (rattaché au 99e Régiment d’infanterie Alpine). Leur fille va naître fin octobre 1914. Appelé par la guerre, il n’assistera pas à sa naissance.

A) Le Groupe cycliste de la 6e division de cavalerie (1913-1916)

Le groupe d’Eugène portait l'écusson du 13e Bataillon. Il est formé le 1er Octobre 1913 à Lyon (69), dont il est parti le 31 Juillet 1914.

 Il envoie à ses " Mamis " (Sa femme Eugénie et ses deux petites filles Germaine et Marie-Louise) 16 cartes postales du front dont sept sont bien datées (le 04/12/1914, 15/12/1915, 27/01/1916 alors qu’il est toujours au groupe cycliste de la 6ème division de cavalerie et le 06/04/1917, 05/05/1917, deux à ses filles le 10/03/1918 tandis qu’il est affecté au 8ème régiment de cuirassiers à pied). 

B) LA LORRAINE (1914)

En 1914, le groupe cycliste d’Eugène combat en Lorraine principalement à Sarrebourg (57), Hertzing et Rozelieures (54). Il perd le Capitaine Chrétiennot, tué le 24 août 1914 à Hertzing. Puis, le Lieutenant de Cazenove :

A Rozelieures, le 25 Août 1914, le Groupe occupe le bois de Lalau. Après de multiples assauts, l'ennemi parvient à y pénétrer. Les pelotons se sacrifient tour à tour pour l'en chasser. Le Lieutenant de Cazenove soutient par son exemple le moral de ses chasseurs, réduits à quelques petits groupes dispersés. Il les regroupe sur deux rangs, leur fait presenter les armes et, sans se soucier des balles qui sifflent, les passe en revue. Il en forme trois escouades et fait reprendre l'attaque. Electrisés par le calme de leur chef, les chasseurs repartent A l'assaut. Debout sous le feu, le Lieutenant de Cazenove, frappé à mort, tombe en faisant "le geste du chef qui lance sa troupe sur l'ennemi". Le Groupe reprend le bois. Devant lui les Allemands démoralisés battent en retraite. Victoire d'un prix inestimable, qui ferme à l'ennemi la trouée de Charmes.

D’autres officiers du groupe tombent au cours de cette année 1914 tels que le Lieutenant Barthélémy et le Capitaine Vergnes (tué le 19 Novembre 1914 à Zonnebecke).

C) LA MARNE (1914)

Suippes…

D) LA BELGIQUE (1914)

 (Neuf Berquin, Sailly-sur-la-Lys, Roulers, Paschendaele, l'Yser, Zonnebecke).

E) L'ALSACE (1915)

Le 24 juillet 1915 devant Launois (88 - Vosges), Eugène est blessé par éclat d'obus au mollet droit. Son lieutenant Maurice, Eugene ARNON (1886-1915) est tué pendant l'assaut.

 

(Eugène DUMONT, vers 1917-1918, au 8ème régiment de cuirassiers à pied) 

F) Le 8èmeRégiment de Cuirassiers à pied (1916-1919)

Le 6 juin 1916, Eugène passe au 8ème régiment de cuirassiers à pied, matricule 0690. Sur une carte postale qu’il a envoyé à sa femme et après qu’il vient "de boire un bon verre de vin blanc avec les copains " , on y apprend qu’il était bien " au 8ème cuirassiers léger, 1er bataillon, 3ème escadron, 2ème peloton (section portée) ".

 


(Eugène DUMONT, à gauche, avec ses camarades du 8ème régiment de cuirassiers à pied) 


G) DE RETOUR EN LORRAINE ET EN HAUTE-ALSACE (1916)


H) L'AISNE (1917)

Le 16 avril 1917, le régiment se trouve à l’attaque sur l’Aisne et traverse les lignes ennemies à la ferme du Choléra, près de Berry-au-Bac. Il devient une solide troupe d’infanterie à pied.

I) LA SOMME (1918)

En avril 1918, il participe à la bataille de la Somme, devant Moreuil (4 avril). Le régiment gagne sa première palme. Luttant pendant huit jours, malgré des pertes élevées, il contribue à endiguer et à arrêter la poussée de l’ennemi vers Amiens.

Mai 1918, nouvel instant critique, on fait appel à son héroïsme. Du 28 mai au 13 juin, trois fois il est engagé : au nord de l’Aisne, sur le plateau de Juvigny et de Vassens, puis au sud devant Ambleny, enfin aux lisières de la forêt de Villers-Cotterets, fermes de Vertefeuille et de la Beauve. Partout il parvient à rétablir la situation.

Le 12 juin après une violente préparation d’artillerie Von Boehm attaque au sud de l’Aisne, en direction de Villers-Cotterets, dans la région de St-Pierre L’Aigle et sur le plateau des Trois-Peupliers. De forts détachements réussissent à s’infiltrer dans les bois de Vertefeuille. Il y a une division d’Elite : la division de cavalerie à pied du Général Ennocque. Le 8ème Cuirassier au côté du 5ème et du 12ème résistent héroïquement et après un terrible corps à corps et au prix de lourds sacrifices, l’ennemi réussit à progresser jusqu’au Ru de Matz.

Le 13 juin, à neuf heures, la lutte reprenait violente, de ce côté, tandis qu’elle s’éteignait vers Mélicocq. Malgré une formidable préparation d’artillerie qui ouvrait la voie à une nouvelle attaque déclenchée sur le front Coeuvres-Vertefeuille ; le 8ème Cuirassiers contre-attaque fougueusement et réussit à reprendre une tranchée qu’occupait un détachement de génie bousculé, et où avaient pu prendre pied des éléments d’une brigade fraîche d’alpins wutembergeois. Il les en chasse en faisant des prisonniers. Il perd dans ces héroïques journées plus du tiers de son effectif. Officiers et cavaliers tombent à leur poste, mais l’ennemi ne passe pas. La percée de Villers-Cotterets et l’offensive sur Compiègne sont définitivement enrayées. La ligne est entièrement rétablie et, quelques jours après, elle va servir de base de départ à la victorieuse contre-offensive.

J) LES HAUTS-DE-LA-MEUSE (1918)

Le 12 septembre 1918, le régiment conquiert sa deuxième palme à la brillante offensive de Saint-Mihiel. D’un seul bond, il pénètre à plus de 5 km de profondeur dans les lignes ennemies fortement organisées. Il dénombre près de 2000 prisonniers, dont 60 officiers, capture 80 mitrailleuses, 40 minnenwerfers, 3 canons, plusieurs dépôts de munitions et un nombreux matériel de toute nature.

 Le 10 novembre, à Mézières, sous un bombardement intense et des feux violents de mitrailleuses, il franchit la Meuse sur de fragiles passerelles de fortune et s’apprête à porter à l’ennemi le coup final. L’armistice survient.

 Par sa belle endurance et sa magnifique tenue de feu, le 8e Cuirassiers mérite le titre de " LA GARDE " et est classé " REGIMENT D’ELITE " par le Maréchal, Commandant en Chef.

 Fidèle à ses traditions, le 8e Cuirassiers gagne ainsi le port de la fourragère pour deux citations à l’ordre de l’Armée, dont les textes élogieux méritent d’être mentionnés :

" Sous les ordres du Lieutenant-Colonel LEANDRI, a donné, dans la journée du 4 avril 1918, la mesure d’une troupe ne sachant épargner aucun sacrifice. A maintenu pendant 6 heures toutes ses positions malgré une poussée très violente. Ne s’est replié légèrement en arrière que sur le point d’être encerclé ; n’a cédé que pas à pas, faisant subir à l’ennemi les pertes les plus lourdes et multipliant dans toutes les unités les preuves d’un héroïsme qui animait au même degré tous les combattants ".

" Régiment d’élite, aussi tenace dans la défensive que mordant dans l’offensive, après s’être distingué aux combats de Moreuil (avril 1918) et de la forêt de Villers-Cotterets (juin 1918), vient de donner une nouvelle preuve de ses admirables qualités manœuvrières. Le 12 septembre 1918, sous l’impulsion de ses officiers, le Colonel LEANDRI et ses chefs d’Escadrons Flavigny et Dubois, a réalisé d’un seul élan une avance de 5 km dans les lignes ennemies, malgré les obstacles de toutes natures accumulés depuis quatre ans. Par son avance foudroyante, a favorisé la progression des troupes voisines et capturé 1780 prisonniers, pris 88 mitrailleuses, 3 obusiers, 28 minnenwerfers ".

Eugène DUMONT est encore cité à l'ordre du Régiment n°4 du 4 janvier 1919 :

" Excellent soldat ayant fait toutes les campagnes. Courageux et dévoué s’est particulièrement distingué pendant les affaires de la Somme. A été blessé le 24 juillet 1915. Croix de guerre, étoile de Bronze ".

Le 24 mars 1919, Eugène est classé " en congé illimité de démobilisation par le dépôt démobilisateur du 26ème Régiment de Dragons ". Il se retire à Yzeure (03). Il est affecté pour la mobilisation au dépôt commun des 3ème Chasseurs et 14ème Dragons. Le 1er octobre 1922, il passe dans l’armée territoriale et est affecté au 14ème régiment de Dragons. Le 1er janvier 1924, il est affecté au 10ème Régiment du Génie. Puis le 1er octobre 1928, il est reversé dans la réserve de l’armée territoriale afin d’être libéré définitivement du service militaire le 1er octobre 1931.

Toutes ses campagnes militaires se sont faites principalement " Contre l’Allemagne et ses alliés " du 04/08/1914 au 23/03/1919 durant 4 années et 7 mois. Pendant cette longue période de guerre, Eugène obtiendra cinq permissions pour regagner ses foyers :

  • Du 15/07/1916 au 25/07/1916  
  • Du 21/11/1916 au 28/11/1916  
  • Du 04/03/1917 au 11/03/1917  
  • Du 16/07/1917 au 23/07/1917  
  • Du 31/10/1917 au 14/11/1917

 

Remerciements : A mon grand-oncle Roger DUMONT, sa soeur, ma grand-tante Denise DUMONT-LOPES pour m'avoir communiqué les clichés et le livret militaire de leur père Eugène.







Créer un site
Créer un site